Retour chronologique sur les principaux événements climatiques de 2021 et début 2022 à Madagascar
Madagascar a connu en 2021 et en ce début 2022 une conjonction d’évènements climatiques extrêmes, faisant craindre de graves répercussions sur le plan des ressources alimentaires …

La sécheresse : un lourd tribut au changement climatique et à la déforestation
En 2021, plus d’un million de personnes dans le Sud de Madagascar n’ont pu manger à leur faim, principalement en raison du changement climatique qui affecte le cycle traditionnel des saisons (saison sèche de mai à octobre, et saison des pluies de novembre à mars) mais également la vie des petits exploitants agricoles et la population rurale. Dans la région des hauts-plateaux autour d’Ambositra où Esperanza Joie des Enfants soutient trois établissements scolaires (respectivement à Imito, Imady et Ambinanindrano), le manque d’eau a cruellement fait défaut.
Dès septembre-octobre, les villageois ont vu dépérir leurs champs et leurs rizières et de surcroît leurs besoins de consommation journalière ont été drastiquement impactés. C’est ainsi que, malgré l’existence de citernes et de réservoirs de récupération d’eaux de pluie, les élèves des lycées Saint-Joseph et Saint-Michel, comme ceux du collège Saint-Francisco Marto ont subi un rationnement drastique, les nappes phréatiques de surface étant épuisées.
Tempête tropicale ANA : un lourd bilan …
La tempête tropicale Ana qui a frappé plusieurs pays d’Afrique australe fin janvier 2022, a durement touché Madagascar faisant 48 morts et forçant 130.000 habitants à quitter leurs foyers. Des ponts et autres infrastructures se sont effondrés sur des rivières en crue, emportant des voitures, leurs occupants et parfois du bétail. Ces importantes inondations ont malheureusement détruit le moyen de subsistance de milliers d’habitants.
Ana a affecté plus marginalement les établissements scolaires et centre nutritionnels soutenus par Esperanza Joie des Enfants. En revanche, une partie du mur d’enceinte (construit en 2014) de la ferme de spiruline Fanantenana a été emporté par l’impétuosité du cours d’eau (modeste ruisseau normalement) qui longe le terrain. L’entreprise BTF dirigée par M Olive, qui avait réalisé l’extension récente, était sur place dès le lendemain et nous pouvions lancer la reconstruction solide et durable d’un mur indispensable à la sécurisation du site.
Cyclone Batsirai puis cyclone Emnati : Des dégâts considérables
Le cyclone Batsirai qui a traversé, dans la nuit du 5 au 6 février 2022, le centre-est de l’île sur une bande de 150 kilomètres de large, avec de fortes rafales et surtout des pluies torrentielles (cf. cumuls de pluie de 300 à 400 mm sur 24 heures) sur les reliefs du sud-est de Madagascar, a fait au moins 120 morts et près de 70 000 habitants ont été déplacées. La ville de Mananjary a été quasiment rayée de la carte.
Au-delà des vents qui ont arraché les toitures, notamment sur la côte dans la région de Manajary et dans les terres à Fianarantsoa, des inondations et des crues importantes ont réussi à ravager le « grenier à riz » du centre du pays, faisant redouter à l’ONU une aggravation de la crise humanitaire. Avec le passage du troisième cyclone, Emnati, quelques jours plus tard, le 23 février, sur une trajectoire quasiment identique, la région a été de nouveau dévastée. Nos amis de l’association l’Essentiel (membre du MIAE) engagés à Farafangana, ville côtière détruite à près de 90%, ont vu ruinés leurs actions de ces dernières années.
Les communautés et les écoles soutenues par Esperanza Joie des Enfants ont heureusement été en grande partie épargnées, se situant légèrement au nord de l’épicentre des deux derniers cyclones. Nous n’avons subi que la perte des bâches les plus anciennes couvrant les serres et bassins de la ferme de spiruline Fanantenana. Par ailleurs, le collège Saint-Francisco Marto d’Ambinanindrano a subi des dégâts limités, principalement sur les bâtiments scolaires construits avec les « moyens du bord » (dont toits de tôles et murs fragiles). Les bâtiments que nous avons construits « dansles règles de l’art » à Ambinanindrano (dispensaire, maisons des malades et du personnel médical, cantine scolaire…) ont parfaitement résisté. La partie des bâtiments de l’école atteinte (notamment la bibliothèque et salle des profs) a rapidement été remise en état hors d’eau grâce à la mobilisation organisée par le père Séraphin. Dans la même région les lycées Saint-Michel à Imady et Saint Joseph à Imito ainsi que le dispensaire d’Imady ont subi les pluies exceptionnelles mais sans dégâts sur les bâtiments.